"Je connais peu d'expressions aussi fausses que "coup de foudre". L'amour soudain ne foudroie pas; il fait remonter à la surface."

Didier Van Cauwelaert, L'éducation d'une fée

Les amoureux aux poireaux, Robert Doisneau, 1950

"Je ne puis vous décrire quelle a été ma surprise, mon vieux, quand j'ai découvert que je l'aimais. J'ai même espéré un moment qu'elle me jetterait dehors, mais elle ne l'a pas fait, parce qu'elle aussi était amoureuse de moi. Elle croyait que je connaissais beaucoup de choses parce que je connaissais d'autres choses qu'elle... Voilà où j'en étais, à mille lieux de mes ambitions, plus amoureux d'elle à chaque instant, et tout à coup plus rien n'avait d'intérêt à mes yeux. À quoi bon réaliser de grandes choses si je pouvais être plus heureux en lui racontant ce que je me proposais d'accomplir."

F.S. Fitzgerald, Gatsby le magnifique

Zelda et F.S. Fitzgerlad

"J'ai le choix: je peux être une victime du monde ou une aventurière en quête de son trésor. Toute la question est de savoir quel regard je vais porter sur ma vie"

Paulo Coelho, Onze minutes

Eh oui, c'était un peu le désert par ici... Voilà deux mois que je n'ai rien publié sur le blog. Par ailleurs, en deux mois, la dévoreuse de livres que je suis n'a lu que très peu. Et à la base de tout cela, une seule et même cause: la course effrénée de la "vraie vie". 

Aujourd'hui, avant de reprendre les chroniques, j'avais envie de partager avec vous une petite réflexion sur les deux mois que je viens de passer à courir après le temps et à me perdre un peu au passage.

Il y a deux mois, avec pas mal de craintes (les jeunes et le marché du travail...) et beaucoup de nostalgie, mais avec l'envie d'en découdre, je me lançais dans la vie professionnelle.  Un mois plus tard, je combinais deux boulots, l'un comme free-lance en journée, l'autre comme employée le soir. Deux boulots de prof, deux boulots passionnants, des étudiants intéressés, des collègues adorables... Mais, une montagne de préparation, des rentrées d'argent très variables (#des joies d'être indépendant), des conseillers Actiris plutôt désagréables, des horaires un peu fous...  Et plus de temps pour soi. 

Bref, ma vie, comme celle de beaucoup, était devenue la combinaison entre ces trois mots bien connus: métro, boulot, dodo. 

J'avais l'impression de ne faire que courir et de ne jamais pouvoir me poser, me reposer, m'écouter... L'un des inconvénients d'être indépendant, c'est que quand on vous propose des contrats, vous avez tendance à toujours accepter, même quand ça commence à faire trop, parce qu'on ne sait pas de quoi le mois suivant (voire la semaine suivante) sera fait. Le truc, c'est que ça vous donne parfois des semaines difficilement gérables. 

Et puis, il y a la prise de conscience. La fatigue qui s'accumule, le moral dans les chaussettes (malgré un boulot que j'adore), le chéri qui s'inquiète et en a un peu marre de ne plus avoir de temps pour nous, l'appart qui est de moins en moins rangé...

Du coup, à un moment, on dit STOP. On reste zen les semaines où on a moins de contrats qui tombent. On en profite pour lire, se faire un masque, une soirée avec chéri, une promenade automnale... Et on respire. On se retrouve. On se recentre. C'est donc décidé, je m'accorde de nouveau du temps. À moi et puis au blog aussi...

C'est reparti ! 

  (Je vous laisse, j'ai un livre, un thé et une bougie qui m'attendent...)

"En réalité, mes bien chers frères, la lucidité ne protège pas de la réalité. Théoriser son malheur ne l'empêche pas d'advenir. Un homme averti en vaut un autre.[...] Savoir pourquoi l'on est triste rend moins con, pas moins triste. Et c'est ainsi que nous avançons dans cette vie, bardés de nos problèmes irrésolus."

Frédéric Beigbeder, L'égoïste romantique.

Sophie Calle