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(Oups, j'ai un peu perdu de vue ce joli rendez-vous, mais le revoici !)
L'élégance du hérisson, image du film
"Moi, j'ai compris très tôt qu'une vie, ça passe en un rien de temps, en regardant les adultes autour de moi si pressés, si stressés par l'échéance, si avides de maintenant pour ne pas penser à demain... Mais si on redoute le lendemain, c'est parce qu'on ne sait pas construire le présent et quand on ne sait pas construire le présent, on se raconte qu'on le pourra demain et c'est fichu parce que demain finit toujours par devenir aujourd'hui, vous voyez?"
Muriel Barbery, L'élégance du hérisson
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ALERTE: ceci est un vrai roman "I feel good"!
"Les chemins qui conduisent à trouver notre place sont souvent surprenants. [...] Est-ce le chemin parcouru qui fait de nous ce que nous sommes, ou bien choisissons-nous notre voie en fonction de ce qui nous touche?"
Résumé
Lassé d'un monde dans lequel il ne trouve plus sa place, privé de ceux qu'il aime et qui disparaissent un à un, Andrew Blake décide de quitter la direction de sa petite entreprise pour se faire engager comme majordome en France, le pays où il avait rencontré sa femme.
En débarquant au domaine de Beauvillier, où personne ne sait qui il est réellement, il espère marcher sur les traces de son passé. Pourtant, rencontres et situations hors de contrôle vont en décider autrement... Entre Nathalie, sa patronne veuve aux étranges emplois du temps, Odile, la cuisinière et ses problèmes explosifs, Manon, jeune femme de ménage perdue et Philippe, le régisseur bien frappé qui vit au fond du parc, Andrew ne va plus avoir le choix. Lui qui cherchait un moyen d'en finir va être obligé de tout recommencer...Chronique
Vous savez quoi? J'ai failli passer à côté de cet auteur formidable. Quelle erreur ça aurait été ! En effet, j'ai tendance à avoir quelques préjugés sur les grands succès en provenance de France. C'est le syndrome Lévy et consorts... Bref, quand on m'a vivement recommandé la lecture de Demain j'arrête, j'ai un peu fait la sourde oreille. Finalement, pas si longtemps, puisque ce roman est devenu le premier livre chroniqué sur ce blog (ici). Une lecture que j'avais adorée et qui m'avait donc fait ravaler une partie de mes préjugés. Non, quand même, je n'irai pas jusqu'à tenter le diable en lisant Musso...
Bref ! Un certain vendredi matin, alors que la semaine avait été longue et que le printemps se faisait attendre, il me fallut choisir un nouveau livre dans ma PAL... J'avais envie d'un peu de soleil et de beaucoup d'optimisme. Dans ce cas, le traitement le plus efficace pour moi reste celui prescrit par Legardinnier ! J'ai donc entamé cette nouvelle lecture, pleine d'enthousiasme... Et ça n'a pas raté ! Après quelques lignes, j'ai été de nouveau happée dans l'univers si particulier et si riche de l'auteur. Les personnages sont terriblement attachants, pleins de folie et d'optimisme, de rêves... L'histoire est légère, agréable, savoureuse... Alors, bien sûr, c'est plein de bons sentiments et tout finit bien dans le meilleur des mondes. Et alors? Selon moi, c'est une vraie réussite. Un roman que j'ai refermé bien trop vite à mon goût et avec un immense sourire aux lèvres. Legardinnier a encore réussi son savant mélange entre émotion et humour.
Je vais réussir à faire une chronique plutôt courte cette fois... Je ne vous en dirai pas plus, ni sur l'histoire, ni sur les personnages... Je vous laisse le bonheur de découvrir tout cela au fil des pages... Juste une chose à vous dire, foncez chez votre libraire préféré... À lire de toute urgence !
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"Mon rêve, c'est un livre qu'on arrive pas à lâcher et quand on l'a fini on voudrait que l'auteur soit un copain, un super-copain et on lui téléphonerait chaque fois qu'on en aurait envie. Mais ça n'arrive pas souvent."
Résumé
Le roman, écrit à la première personne, relate la période où Holden Caulfield, expulsé du collège Pencey Preparatory trois jours avant les vacances de Noël, retourne à la maison familiale, à New-York. Il déambulera en ville avant de devoir annoncer la nouvelle à ses parents.
Âgé de dix-sept ans, Holden est plein d’incertitudes et d’anxiété, à la recherche de lui-même. Il vit son passage à l'âge adulte et comprend qu'il perd l'innocence de l'enfance. L'une des plus belles images de l'auteur pour exprimer ce passage est lorsque Holden demande au chauffeur de taxi où vont les canards lorsque l'étang gèle. Salinger dans ce roman décrit avec ironie et justesse la société américaine des années 1950.
Chronique
J'avais entendu énormément de commentaires dithyrambiques concernant ce roman, j'en attendais donc beaucoup. Au final, j'ai des difficultés à définir l'impression qu'il me laisse. J'ai d'ailleurs hésité à en faire la chronique. C'est un roman pour le moins intrigant, et je pense qu'il est sans doute nécessaire de le relire plusieurs fois pour l'apprécier à sa juste valeur.
C'est une sorte de roman d'apprentissage assez particulier. Le lecteur suit Holden, qui, expulsé pour la ixième fois de son établissement scolaire et n'osant pas rentrer chez lui, va errer quelques jours dans les rues de New York. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est la manière dont l'auteur parvient à brosser petit à petit les traits de son personnage et à créer peu à peu un sentiment d'empathie chez le lecteur. Au début du roman, Holden apparaît comme un jeune paumé, qui ne s'intéresse à rien et brûle la vie par les deux bouts. Cependant, peu à peu, c'est toute son intelligence et son intelligence émotionnelle qui nous apparaissent. Il se révèle être très philosophe et complètement perdu à la fois. On découvre au fil du roman son parcours de vie et les expériences qui l'ont marqué. On rencontre les personnages qui l'aident à se construire; notamment sa petite sœur, Phoebe, avec qui il a une relation extrêmement touchante, car c'est finalement la seule qui parvienne à le comprendre vraiment.
J'ai lu beaucoup de critiques concernant l'écriture de ce roman. Il s'agit d'un style très oralisé, avec beaucoup de monologues intérieurs qui rapprochent le roman d'un long récit de pensées. Pour moi, ce style tient clairement de la figure de style et pas de l'incapacité de Salinger à aligner trois lignes (certains lecteurs sont assez expéditifs...) Cette écriture plonge le lecteur dans une spirale de mots, qui fait qu'il se retrouve finalement aussi perdu qu'Holden. Par ailleurs, ce style oralisé crée l'illusion d'un dialogue, ce qui crée un certain lien, une connivence particulière entre le personnage (ou plutôt l'auteur?) et le lecteur.
Bref, L'attrape-cœurs, c'est la quête d'un jeune homme qui cherche sa place, entre enfance et adolescence. Une quête pleine de questionnements, de passages philosophiques, de moments émouvants... À lire et relire.
"Je pense qu'un de ces jours il va falloir que tu découvres où tu veux aller. Et alors, tu devras prendre cette direction. Immédiatement. Tu ne peux pas te permettre de perdre une minute. Pas toi."
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"La amé y fui feliz amándola. Era cierto que nada me hacía tanta ilusión como estar allí con ella, era cierto que en mis escasas y siempre fugaces aventuras nunca había sentido esa mezcla de ternura y deseo que ella me inspiraba."
Résumé
Que de tours et de malices chez cette " vilaine fille ", toujours et tant aimée par son ami Ricardo, le " bon garçon ".
Ils se rencontrent pour la première fois au début des années cinquante, en pleine adolescence, dans l'un des quartiers les plus huppés de Lima, Miraflores. Joyeux, inconscients, ils font partie d'une jeunesse dorée qui se passionne pour les rythmes du mambo et ne connaît d'autre souci que les chagrins d'amour. Rien ne laissait alors deviner que celle qu'on appelait à Miraflores " la petite Chilienne " allait devenir, quelques années plus tard, une farouche guérillera dans la Cuba de Castro, puis l'épouse d'un diplomate dans le Paris des existentialistes, ou encore une richissime aristocrate dans le swinging London.
D'une époque, d'un pays à l'autre, Ricardo la suit et la poursuit, comme le plus obscur objet de son désir. Et chaque fois, il ne la retrouve que pour la perdre. Et, bien entendu, ne la perd que pour mieux la rechercher.Chronique
J'avais littéralement adoré La tía Julia y el escribidor, autofiction qui s'inspire de l'histoire d'amour de l'auteur lui-même et de sa tante... Dans cette oeuvre romanesque, Maria Vargas Llosa, prix Nobel de littérature en 2010, délivre encore une histoire d'amour peu commune et s'interroge sur le véritable visage de l'amour et sur sa capacité à exister sous divers traits. Il raconte une histoire de passion, passion dévorante du "niño bueno", Ricardo, traducteur péruvien qui a accompli son rêve d'enfant: vivre à Paris, pour la "niña mala", femme aux cent visages. Cette femme dont il tombe amoureux alors qu'il sort tout juste de l'enfance, et qu'il retrouvera à plusieurs reprises aux moments les plus inattendus et toujours sous une identité différente, et mariée à un autre homme... C'est une valse de rencontres et de fuites, qui laissent toujours Ricardo le cœur brisé, mais toujours plus amoureux de celle qui ne fait que lui échapper.
Consumé par cette passion dévorante, Ricardo tente, à chaque fuite de cette vilaine fille (dont il ne sait rien, pas même son véritable nom), de l'oublier et de lui fermer les portes de son cœur, sans jamais y parvenir. À chacun de ses retours, il vit ces moments furtifs intensément, tout en sachant qu'elle finira par disparaître, ne lui laissant que quelques souvenirs et autant de regrets. Leurs destinées se croisent et s'entremêlent sans jamais coïncider réellement.
Si les sentiments de Ricardo sont univoques, ceux de la "niña mala" sont beaucoup moins transparents. Très souvent distante et méprisante, elle semble parfois excessivement fragile, et presque sincèrement amoureuse de lui... Peu à peu, ce personnage agaçant se révèle et nous découvrons toute la souffrance et la solitude de cette fille issue d'une famille pauvre qui donnerait tout - jusqu'à sa chance d'être heureuse - pour échapper à sa condition. Finalement, Ricardo est son seul lien réel, son seul ami, et elle revient toujours vers lui, comme l'on revient au port.
Ricardo est-il à plaindre? Certes, malmené par cette vilaine fille, il aura néanmoins eu la chance de connaître la passion, l'amour véritable, bien que malheureux et à sens unique.
Vargas Llosa livre un très beau roman, servi par une plume magnifique et très souvent drôle (ceci dit, je ne sais pas ce que donne la traduction). Un roman souvent dérangeant, parfois agaçant, mais qui dépeint merveilleusement la passion et la complexité des sentiments amoureux. N'est pas Prix Nobel de littérature qui veut...
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"Comment ça a commencé, cette différence entre les affiches et la réalité? Est-ce la vie qui s'est éloignée des affiches ou les affiches qui se sont désolidarisées de la vie? Depuis quand? Qu'est-ce qui ne va pas?"
Résumé
Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies.
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle.
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence. No, privée d’amour, rebelle, sauvage.
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.Chronique
L'histoire tourne autour d'un trio atypique. Lou, la narratrice, a 13 ans, elle a sauté deux classe, a une intelligence supérieure à la moyenne, un regard plutôt cynique sur le monde, quelques complexes, la peur de l'autre, la difficulté à s'intégrer dans une classe d'adolescents de 15 ans... Et elle est amoureuse de Lucas, 17 ans, qui a plutôt doublé deux classes, un air de rebelle, mais un cœur immense. Deux anticonformistes. Lou, d'abord, Lucas, ensuite, vont se prendre d'amitié pour No, une jeune fille de 18 ans qui est sans-abri suite à une histoire familiale très complexe. Ils vont tout tenter, du haut de leur jeune âge, pour essayer de la sauver.
La force du roman est de ne pas tomber dans une fiction caricaturale où, comme par magie, tout s'arrange. Pas de joli petit conte ici, mais une histoire poignante et des personnages qui ont chacun leurs failles et leurs défauts. Delphine de Vigan parvient à dépeindre la situation de No avec beaucoup de vraisemblance et à nous pousser à mener une réflexion sur la société actuelle et ses dérives, ainsi qu'à se remettre en question. Je trouve que le roman met très mal à l'aise par moments, il nous secoue, et c'est ce que j'ai vraiment apprécié. Il questionne beaucoup sur la capacité des gens à estimer que le monde est tel qu'il est et que nous n'avons d'autres choix que de l'accepter.
"Et notre silence est chargé de toute l'impuissance du monde, notre silence est comme un retour à l'origine des choses, à leur vérité."
Lou et Lucas refusent cela et se lancent un défi contre la société et bien trop grand pour eux. Mais, ils ont au moins le mérite d'essayer. De croire que l'on peut changer les choses, parce qu'ils ont conservé une part de l'innocence propre à l'enfance.
Une très belle lecture, que je vous conseille ! En tant que prof, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'il serait bon de le mettre au programme dans les classes...
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