• "J'avais dix-huit ans quand Gauvain m'est entré dans le cœur pour la vie, sans que nous le sachions, ni lui, ni moi. Oui, cela a commencé par le cœur ou ce que je prenais pour le cœur à cette époque et qui n'était encore que la peau."

    Benoîte Groult, Les vaisseaux du cœur

    La citation de la semaine [13]

    Gustave Klimt, Le baiser, 1908 (détail)

     


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  • "C'était mon vrai moi qui se révélait. En arrêtant de dormir, j'avais élargi ma conscience. Ce qui est important, c'est la force d'attention, me disais-je. Les gens qui n'ont aucune puissance de concentration auront beau écarquiller les yeux, ils ne verront rien."                                        

    Sommeil, de Haruki MurakamiSommeil, de Haruki Murakami

    Résumé

    Japon, de nos jours. Une femme, la trentaine. Elle est mariée, elle aime son mari. Le matin, elle prépare le repas. L'après-midi, elle prend la voiture pour aller faire les courses. Parfois, elle va nager à la piscine. La nuit, elle relit Anna Karénine. Elle vit sa vie comme un robot. Car cette femme ne dort plus depuis dix-sept nuits. Du coup, la femme fait des rêves, étranges, beaux, angoissants…Ou peut-être est-ce la réalité…

    Chronique 

    Avant d'en venir à la nouvelle à proprement parler, je pense qu'il faut commencer par souligner le magnifique travail d'édition réalisé par 10/18 pour ce livre. La nouvelle est ornée d'une superbe couverture, comme un écrin, aux couleurs nocturnes; et imprimée sur papier glacé. De plus - et surtout -, l'histoire est accompagnée d'illustrations de la dessinatrice allemande Kat Menschik: illustrations dont l'onirisme et la beauté font parfaitement écho au texte de Murakami. 

    Sommeil, de Haruki MurakamiSommeil, de Haruki Murakami

    La narratrice est une trentenaire, qui mène une vie rangée et ordonnée. Un mari dentiste, une bonne situation, un fils, et une vie dont chaque journée, rythmée par les vies respectives de son fils et de son mari, suit le même schéma: tâches ménagères, préparation des repas, courses... Une existence qui lui semble confortable, mais est loin de la combler. Une vie dont elle pourrait «intervertir sans aucun inconvénient la veille et l'avant-veille». 

    Cependant, au début de la nouvelle, un incident étrange vient bouleverser cette routine: à la suite d'un cauchemar effrayant, aux frontières du rêve et de la réalité, la narratrice arrête de dormir. Il ne s'agit pas d'insomnies, puisque même le besoin de dormir et la sensation de fatigue ont complètement disparu. Lors de ces nuits sans sommeil, elle redécouvre alors le plaisir de la lecture - qu'elle avait abandonné après s'être mariée -, et au fil de ses lectures se redécouvre elle-même, réapprend à prendre du temps pour elle, à s'écouter. Cette période sans sommeil durera 17 nuits: 17 nuits d'éveil, de réveil, durant lesquelles sa conscience va s'éveiller de nouveau au monde et à elle-même. Ces nuits sont comme une seconde vie que l'absence de sommeil lui offre. Peu à peu, sa vie mécanique et répétitive, tout comme son mari et son fils, lui deviennent de plus en plus étrangers et un changement d'abord imperceptible, puis de plus en plus fort, s'opère en elle. Comme à son habitude, Murakami offre une fin ouverte et c'est au lecteur d'écrire la suite de l'histoire...

    C'est toute l'essence de l'art de Murakami et de son univers onirique et troublant qui est contenue dans cette nouvelle. On y retrouve le génie de l'auteur, à son paroxysme, comme dans Kafka sur le rivage et 1Q84. Je suis toujours impressionnée par l'imagination débordante de l'auteur, ainsi que par sa capacité à créer un monde qui n'appartient qu'à lui et dans lequel le lecteur est happé dès les premières pages, les premières lignes... 

    Cette nouvelle pose également des questions: le véritable sommeil n'est-il pas cette vie mécanique que vit la narratrice, la répétition incessante des mêmes tâches, chaque jour. Cette vie centrée sur les besoins de son mari et de son fils, où elle finit par s'oublier elle-même. Par l'absence de sommeil et la redécouverte de la littérature, c'est finalement son moi véritable qui se réveille, se révèle.

    Et bon anniversaire Monsieur Murakami ! 

     


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  • La semaine passée, j'ai lu:

    Les années d'Annie Ernaux, dont je vous parlerai très bientôt. Je peux déjà vous dire que le bilan est plutôt en demi-teinte, avec des points très positifs, mais malheureusement quelques points négatifs aussi... 

    C'est lundi, que lisez-vous? [10]

     

    Cette semaine, je lis:

    Encore une semaine de boulot, du coup je résiste tant bien que mal à la PAL concoctée pour la période des fêtes... Je suis l'idée de lire un auteur australien, mais je troque Les heures lointaines de Kate Morton (et ses 800 pages), pour Le koala tueur et autres histoires du bush de Kenneth Cook, que je pourrai lire en une semaine. 

    C'est lundi, que lisez-vous? [10]

    Mes prochaines lectures:

    Comme beaucoup, j'aime la période de noël. En plus, cette année, c'est la première fois depuis longtemps que les vacances de noël ne riment pas avec blocus... Et nous comptons en profiter ! 
    D'habitude, je ne lis pas de livres liés à cette époque, mais cette année j'ai eu envie de me concocter une PAL spéciale *noël*. Voici la photo de groupe (je vous en reparlerai, évidemment):

    C'est lundi, que lisez-vous? [10]

     

    Belle semaine et belles lectures à vous !


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  • "Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui échapper. Mais la tempête modifie aussi la sienne. Tu changes à nouveau le rythme de ta marche, et la tempête change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se répète un nombre incalculable de fois [...] Pourquoi? Parce que cette tempête n'est pas un phénomène venu d'ailleurs, sans aucun lien avec toi. Elle est toi-même et rien d'autre. Elle vient de l'intérieur de toi. Alors, la seule chose que tu puisses faire, c'est pénétrer délibérément dedans, fermer les yeux et entrer, et la traverser pas à pas."

    Haruki Murakami, Kafka sur le rivage

    La citation de la semaine [10]: un Murakami peut en cacher un autre...

    Flower Matango de l'artiste Takashi Murakami, exposition au château de Versailles (2010)


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  • La semaine passée, j'ai lu:

    Dans mon dernier "C'est lundi", je vous disais que le début de la saga de Katarina Mazetti était prometteur... La semaine dernière, j'ai lu les deux tomes et... bilan plutôt mitigé ! Je vous en reparle bientôt! 

    C'est lundi, que lisez-vous? [6]    C'est lundi, que lisez-vous? [6]

    Cette semaine, je lis: 

    C'est de l'eau  de David Foster Wallace, ainsi que Le liseur de Bernhard Schlink (qui traîne dans ma PAL depuis des années, la honte). 

    C'est lundi, que lisez-vous? [6]   C'est lundi, que lisez-vous? [6]

    Mes prochaines lectures: 

    En ce moment, j'ai envie de donner une chance aux livres qui attendent dans ma PAL depuis plusieurs mois, voire plusieurs années... De plus, ça fait un petit temps que je n'ai plus lu de classiques. Je projette donc de lire Le père Goriot. 

    C'est lundi, que lisez-vous? [6]

    Je vous souhaite de belles lectures ! 


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